Résumé : « Le roi Wangsirna qui tient en haleine, d’une main de fer, depuis plus de deux décennies le royaume de Tamsirna, est plus que jamais confronté à la plus rude insurrection qui va sonner le glas de son règne. Lâché par les siens, isolé par les puissances coloniales, le roi qui rumine avec amertume cette décrépitude en s’en prenant à son Marabout Djèsiijag, ne trouvera soutien et réconfort précaires qu’auprès de la reine Mannkom et de ses fidèles conseillers Arkali et Kaoutouin. Pris dans la tourmente d’un pouvoir agonisant, usé par l’effet des vicissitudes d’un long règne qui a fini par l’abimer lui-même, le roi sera capturé vivant par les insurgés lorsqu’il tentait de défendre désespérément son palais par une répression sanglante de la sédition. Traduit devant la Haute Cour de Justice, le Procureur royal, au cours d’un procès expéditif, requiert la peine de mort contre lui. C’est devant ce dilemme défendu farouchement par les Avocats des deux parties au procès, et qui repose la pertinente question du châtiment suprême à infliger aux grands criminels que la Haute Cour de Justice du royaume est appelée à trancher sur le sort judiciaire qui sera réservé au roi déchu. »

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Préface de Augustin Tabo, Maître de conférence à l’Université Paris Descartes (France), Écrivain…

(…)En relisant une dernière fois les pages de  »La disgrâce du tyran », minutieusement et brillamment écrites par Jean-Bosco Manga, je ne peux que souhaiter avec ardeur d’atteindre le grand nombre de lecteurs possibles et la réussite.

Parler de l’homme et de l’auteur, n’est pas chose aisée. Juriste de formation, journaliste, enseignant et militant engagé à la fois, Jean-Bosco Manga est bien de son époque. En assignant à son œuvre littéraire une fonction sociale déterminante, il adopte une démarche comparable en plusieurs points à celle des grands écrivains : Césaire, Camus, Fanon, Baba Moustapha pour ne citer que ceux-là.

Riche de multiples facettes,  »La disgrâce du tyran » qui veut éveiller les consciences, propose un théâtre d’édification. En effet, Albert Camus disait : « Le théâtre de notre époque est un théâtre d’affrontement, il a la dimension du monde, la vie s’y débat, lutte pour la plus grande liberté, contre le plus dur destin et contre l’homme lui-même. »

Dans cette pièce de théâtre, Jean-Bosco invite le lecteur à suivre l’inexorable et la brutale chute d’un roi despotique jusqu’à un procès qui le mènera à répondre aux graves accusations de haute trahison, crime contre l’humanité, crime économique, toutes passibles de la peine capitale.

A travers la diversité des inflexions, l’on retrouve cette qualité sans cesse majeure du ton :

« Comment peut-on continuer à garder le silence devant ce règne de l’arbitraire et de la terreur quand on nous prive, avec nos femmes et nos enfants, de la jouissance des richesses communes du royaume ?

Comment se taire quand ces oppresseurs osent menacer, emprisonner, torturer et liquider systématiquement et en toute impunité, toutes celles et tous ceux qui ont l’intrépidité de

dénoncer cette mauvaise gouvernance ?

Comment pouvons-nous accepter d’être aux yeux de nos enfants et de nos femmes des effarouchés exilés dans notre propre royaume, des hommes qui manquent d’audace, de

toupet et ne peuvent jamais oser pour changer leur destin ?»

Inspiré par la situation dramatique qui touche bon nombre de pays, en particulier en Afrique, gangrenés par la gouvernance autoritaire, kleptocratique des chefs d’Etats sans scrupules, l’auteur a su composer un texte très actuel, une satire engagée et sans concessions qui ne manquera pas d’éveiller les consciences et d’ouvrir le débat sur le sort judiciaire à réserver aux tyrans. »

Jean-Bosco Manga, La disgrâce du tyran, théâtre, 114 pages, Ed. Toumai, N’Djaména (Tchad), 2018