La mendicité à tellement pris de l’ampleur ces dernières années dans notre pays qu’on arrive plus à faire la différence entre un talibé (apprenant d’une école coranique) et les sans-abris ou mendiants tout court qui rodent aux alentours de grandes artères de la villle.

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Autre fois les familles envoyaient leurs enfants au ‘’Mahdjar’’, une émigration en quelque-sorte chezles marabouts afin de suivre une éducation coranique.
Le Mahdjar apprends aux enfants le sens de l’humilité, du vivre ensemble et du respect de son prochain. La majorité de nos grands marabouts, imâms aujourd’hui sont issus de ce système.
Les enfants revenants des Mahdjars faisaient la fierté de leur famille et de la communauté, malheureusement de nos jours le Mahdjar a pris une tournure qui ne laisse personne indiffèrent, ces enfants en quête de savoir semblent constituer, de nos jours, comme un fonds de commerce pour les marabouts.
Ces enfants vivent dans des conditions déplorables, chaque matin,ils se lèvent, et partent mendier dans la ville pour avoir de quoi manger. Ils passent des heures à parcourir les rues, les marchés, à la recherche de leur nourriture et à demander l’aumône pour réunir les sommes exigées par leur marabout, afin d’éviter d’être battus.
Peu d’entre eux seulement apprennent le Coran du fait de leur emplois du temps chargé par la mendicité et celle-ci constitut la cause principale de leur analphabétisme et de leur manque d’éducation en général. Ces enfants consacrent plus de leur temps à mendiés qu’à apprendre le Coran.
« Un jour en rentrant du travail la nuit, il avait beaucoup plu ce jour, j’avais rencontré des talibés totalement mouillés et frémissaient du froid, pieds nus surtout et avec des habits complètement sales,je me suis arrêté pour les faire embarquer avec moi et quand je leur ai posé la question de savoir pourquoi ils rentrent si tard et s’ils n’ont pas cours dans la journée, ils m’ont repondis qu’en fait ils font cours seulement une seule fois dans la journée, est c’est à l’aube, le restant de la journée ils partent a la recherche de leur subsistance ».
 
Dans cette course a la recherche du survie (trouver à manger pour eux, pour le marabout, et trouver la somme fixée par ce dernier), ces enfants deviennent des proies faciles pour les réseaux criminels et
sont exposés aux maladies, surtout dans le contexte actuel du Covid19 et la saison de pluie.
L’objectif de cette réflexion n’est nullement de porter un regard accusateur sur les marabouts, bien que les pratiques dans lesquelles ils se livrent sont ignobles, mais il faut souligner aussi que ces marabouts font dans le volontariat et ne sont soutenus par personne, même pas par les parents de ces enfants qui leur sont envoyés pour leur faire apprendre le Saint Coran, ni par le Conseil supérieur des affaires islamiques alors que ces marabouts sont des pères de familles et n’ont généralement aucune autre activité, c’est ainsi qu’ils se mettent à exploiter leur seul “source de revenus”, c’est-à dire les Mouhadjirines.
 
Le but recherché est d’attirer l’attention des autorités sur la situation de ces enfants, causée par l’exode rurale des marabouts qui ont fui la pauvreté des campagnes pour trouver de quoi survivre.
Aussi, il faut le rappeler, le Mahdjar de nos jours ne réponds pas aux besoins d’une société moderne tel que nous la vivons aujourd’hui et il est donc urgent de le repenser.
Ces enfants perdent énormément du temps dans l’apprentissage du Saint Coran du fait de la mendicité, à la fin de leur ‘’cursus’’, les plus chanceux seront déjà dans la vingtaine ou approximativement en termes d’âge et deviendront peut-être maîtres religieux à leur tour, les moins chanceux finissent dans la rue et pour ceux-là, c’est finis leur vie s’arrête là, ils continueront de se perdre dans une vie misérable en ville et pendant ce temps ils n’ont appris aucun métier, ils ne savent pratiquement pas faire grandeschoses… Vers quel avenir seront ils dévoués?
 
Il est donc de la responsabilité de l’État à travers le Ministère en charge de la petite enfance et ses partenaire, les parents et le Conseil supérieur des affaires islamiques de se saisir de cette problématique afin de trouver un moyen d’encadrer le Mahdjar, en assurant a ces marabouts une allocation leur permettant de subvenir à leur besoin afin de mieux de se concentrer sur cette noble cause qui est d’assurer à ces enfants une éducation aussi bénéfique qui est l’apprentissage du Saint Coran.
 
Il convient aussi de mettre ces lieux d’apprentissage sous la supervision des autorités locales (Chef des carrés…etc., du Conseil supérieur des affaires islamiques et des agents sociaux) et instauré une formation professionnelle garantissant à ces enfants un avenir en dehors du strict religieux.
Il est urgent d’assurer un minimum de confort a ces enfants pour qu’ils ne vivent plus dans des conditions indignes.
 
Hassan Allafouza Mahamat