LE DIALOGUE : une issue sure sans blessure
Les évènements récents ont montré les limites d’un cadre idéal de dialogue au Tchad. Entre les ras-le-bol du peuple (mais qui est le peuple?) et la non-réceptivité du CMT, seul le Tchad souffre, pleure et se déchire. La surdité de l’un a entraîné l’aveuglement de l’autre. Sur les réseaux, j’ai lu des personnes condamnant la répression, d’autres qui mettent en avant les dérapages de quelques manifestants. Entre les pro-manifestants et les partisans de la contre-manifestation, le fossé est creusé. Les mêmes raisons qui ont entraîné ces manifestations divisent aujourd’hui le peuple: absence d’écoute et lecture différente de la réalité.

L’écoute nécessite l’implication de toute la population. Puisqu’il n’y a aucun Tchadien meilleur qu’un autre Tchadien, il est inacceptable qu’une partie soit exclue du dialogue au détriment d’une autre. Beaucoup ont condamné des manifestants armés, ce qui est certes condamnable. Mais, il est surtout condamnable d’ôter des vies (comprenons, avec un peu d’empathie, l’émotion d’une mère à qui on apprend la mort de son fils). L’usage de la force est l’ennemi préféré de l’écoute. Sommes-nous interrogés sur les raisons qui ont poussé les jeunes à manifester. Que certains (dit-on) soient manipulés, il est injuste de fermer les yeux sur d’autres qui ne demandent que d’être écoutés, d’exprimer leurs voix en tant que citoyens. Tant que l’on ne s’interroge pas sur les causes, les conséquences resteront désastreuses, ce qui est regrettable.
Créons un cadre d’échange dépourvu de tout préjugé et tourné vers le pardon, le dialogue (réellement inclusif autour de tous les partis politiques et la société civile) et la reconstruction. Pendant que nous nous disputons, le monde avance, nous reculons et les défis s’intensifient.
Durant ces évènements, chacun a une lecture différente de la réalité. Certains parlent de paix, ce qui est louable. Cependant, la paix ne signifie pas uniquement l’absence de guerre. La paix, c’est aussi la mise en place d’une vraie justice sociale, d’un traitement équitable des citoyens et surtout l’institution d’une bonne gouvernance. Pour cela, nous devons éviter toute altération de la réalité. Que ceux qui mettent en avant le tribalisme ou le régionalisme sachent que si beaucoup ont oublié que nous appartenons à une même nation, je leur rappelle notre devise : « Unité, travail, progrès ». Tant que nous resterons divisés, aucune condition de travail ne pourra se créer et le progrès ne sera qu’une vile chimère miroitant nos ambitions égoïstes et dépourvues de sens.
Pour finir, je nous invite à méditer sur ces propos de Martin Luther-King : « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots ».