
Le présent travail intitulé « Participation des collectivités locales du Tchad au développement économique et social » émane de l’observation d’une discordance entre la situation économique et sociale des collectivités locales au Tchad et le fait de la décentralisation censée marquer leur participation effective. Cette discordance soulève le problème de la faible participation dans les communes du Tchad.
Partant de cette orientation, l’objectif principal de cette étude est de comprendre et d’expliquer les phénomènes qui suscitent ou qui bloquent la participation au développement économique et social des communes du Tchad. Pour atteindre cet objectif, une enquête de terrain a été menée ; elle a permis de soumettre les hypothèses à l’épreuve de la vérification.
Et l’hypothèse centrale souligne que le manque d’accès aux informations dû à l’analphabétisme, l’insuffisance de transfert des compétences et des ressources et l’inadéquation des stratégies sont à la base de la faible participation. Basée sur une méthodologie à la fois qualitative et quantitative, cette étude a mobilisé les théories de l’action collective et l’analyse stratégique.
Pour la collecte des données, elle a fait appel à l’observation directe, l’analyse documentaire et la technique d’entretien. En plus, l’interprétation du corpus des données s’est faite par l’analyse de contenu, la définition des règles et niveau d’analyse, la catégorisation et l’usage de l’outil informatique.
Fondés dur la crédibilité et la fiabilité, nos résultats montrent que la faible participation émane des réalités socioéconomiques du Tchad qui oscillent entre crise d’emploi, explosion du chômage et expansion du secteur informel. L’introduction d’un projet dans l’arène politique locale est confrontée à une dynamique complexe des logiques d’action et d’enjeux de pouvoir. On constate un décalage quasi inévitable entre les collectivités visées et celles qui réellement participeront et influenceront les actions d’un projet afin de tirer profit des ressources qu’il introduit dans l’espace urbain.
Ainsi, le modèle de participation du Tchad, fondé sur la réalisation de diagnostics participatifs ainsi que sur la mise en place des structures censées assurer la participation des collectivités à la prise de décision, s’avère éloigné des ambitions qui lui sont attribuées.
La méconnaissance ou plutôt l’ignorance qu’a le pouvoir central des mécanismes de paupérisation de l’espace politique local a pour conséquence l’instrumentalisation du projet par les pouvoirs locaux. Dans le contexte où ces acteurs se trouvent dans l’incapacité d’orienter la participation de manière à ce qu’elle bénéficie aux plus démunis, non seulement les projets ne remettent pas en question les rapports d’inégalité et de domination au sein des collectivités locales mais peuvent même induire une exclusion accrue des groupes d’acteurs les plus pauvres.
La vie de l’auteur
DOUKA EHBA est né le 11 mars 1982 à Gounou-Gaya au sud du Tchad. Sociologue spécialiste de population et développement, il est diplômé du Centre de Recherche et de Formation Doctorale de l’Université de Yaoundé I. Défenseurs des droits humains et militant de la société civile, il est actuellement le Directeur Général de l’Institut Universitaire des Sciences et d’Administration de N’Djaména et consultant indépendant.